[BRÈVE HISTO] Connaissez-vous vraiment les superstitions au Théâtre ?

1. Rodrigue

Le monde du théâtre est truffé de superstitions qui prennent leurs origines de divers milieux. De la couleur verte à la pièce de Macbeth, essayons de déceler les origines de certaines malédictions qui ont traversé les siècles !

Interdiction de porter du vert sur scène

Dans la tradition théâtrale française, s’il y a bien une couleur à éviter au théâtre c’est le vert. Au XVIème siècle le pigment utilisé pour teindre les costumes en vert était extrêmement toxique. Le vert utilisé était le vert-de-gris, qui s’obtenait par l’oxydation de lamelles de cuivre avec du vinaigre et du citron. Côté couleur, c’était magnifique, mais ce pigment est corrosif. Il contamine les couleurs voisines et le support sur lequel il est posé. Il aurait causé la mort de plusieurs comédiens portant ces costumes à même la peau.
Plus tard, le décès de Molière – qui aurait porté du vert sur scène quelques heures avant sa mort – n’aurait fait que renforcer cette superstition.

Chaque culture théâtrale a d’ailleurs ses propres tabous en matière de couleur :

  • En Angleterre, c’est le bleu qu’on évite soigneusement de porter sur scène. Une superstition ayant pour origine le coût élevé de la teinture bleue. Pour faire des économies, les producteurs auraient lancé une rumeur selon laquelle les costumes bleus portaient malheur.
  • En Espagne, c’est le jaune que l’on bannit sur scène. L’explication viendrait de la tauromachie. Pour eux, le jaune porterait malheur puisque la cape du torero, jaune à l’intérieur, ne dévoile cette couleur que s’il se fait encorner par le taureau.

Relâche les lundis pour laisser place aux fantômes

Vous pensiez que les théâtres étaient fermés le lundi en raison de la faible affluence ? Pas du tout – ou du moins, pas seulement. Par superstition, à l’origine le lundi est réservé aux pièces jouées par les fantômes !

Selon les légendes, il serait conseillé de fermer le théâtre au minimum une fois par semaine pour laisser les fantômes jouer une pièce à leur tour et éviter qu’ils ne viennent déranger une représentation. Le jour choisi est en général le lundi pour que les acteurs puissent aussi bénéficier d’une pause à la suite d’un long week-end de représentations.

De plus, une lumière doit toujours rester allumée dans un théâtre vide, là encore par égard pour les fantômes ! Selon les traditions, cette lumière – appelée la servante ou la sentinelle – est la protectrice du théâtre, empêchant ainsi les esprits et fantômes des comédiens, personnages, metteurs en scène, de revivre, même pour un instant, l’ivresse de la scène.

Une raison plus pratique veut que cette lumière empêche le personnel de trébucher et de se blesser sur la scène.

Ne jamais prononcer le mot « corde »

Au Moyen Age, on éclairait la scène à l’aide de bougies et les incendies étaient fréquents. Les anciens marins, devenus machinistes grâce à leur habileté à manier les cordes, remplissaient des seaux d’eau qu’ils suspendaient au-dessus de la scène. En cas d’incident durant une représentation, ils tiraient sur des cordes pour faire basculer les seaux et éteindre le feu. Le mot corde était donc de mauvais augure pouvant entraîner des chutes d’eau bien malvenues.


Une autre explication vient du fait que sur les bateaux, les cordes de manœuvres portaient toutes un nom particulier comme guinde, amarre, ficelle. En mer, la seule « corde » à s’appeler ainsi était celle qui servait à sonner la cloche pour saluer les morts ou pour pendre les criminels.

Dans les théâtres, la tradition veut que celui qui ose prononcer le mot corde devra payer une tournée de vin blanc à toute l’équipe!

Ne jamais offrir un bouquet d’œillets à un comédien

S’il ne faut pas offrir d’œillets aux artistes lors des représentations, cela peut s’expliquer par une ancienne coutume de la fin du XVIIIe, à l’époque où chaque compagnie de théâtre avait sa troupe d’acteurs permanents telle que la Comédie-Française. À la fin d’une saison, lorsque le directeur du théâtre voulait signifier à une actrice qu’il renouvelait son contrat, il lui faisait livrer des roses. Mais pour ne pas faire de dépenses inutiles, celles qui étaient renvoyées recevaient des œillets, fleurs beaucoup moins onéreuses.

Les applaudissements


Une jolie légende expliquerait pourquoi nous applaudissons au théâtre. A l’époque, les spectateurs pensaient que les acteurs étaient habités par des esprits lorsqu’ils jouaient une pièce. Ainsi, à la fin d’une représentation, les spectateurs applaudissaient pour faire fuir les esprits des corps des comédiens. Plus les acteurs étaient habités, plus les spectateurs applaudissaient et de ce fait plus le spectacle était réussi.

Plusieurs de ces croyances sont encore bien présentes dans le monde du théâtre. Même si elles ont des origines diverses, elles ont marqué, à leur façon, la société à travers les époques.